Mitigation : tour d’horizon et éclairages

 
illustration de la protection contre le changement climatique
 

Face à l’accélération du changement climatique, la question de la mitigation occupe désormais une place centrale dans les stratégies de développement durable. Réduire les émissions de gaz à effet de serre, préserver les puits de carbone, transformer les modèles de production et de consommation : autant de défis à relever pour limiter l’ampleur du réchauffement global.

Explorons ensemble le concept de mitigation et les enjeux pour le climat.

 

Qu'est-ce que la mitigation ?

Également appelée atténuation du changement climatique (climate mitigation), la mitigation désigne l'ensemble des stratégies et des mesures visant à réduire ou prévenir les émissions de gaz à effet de serre (GES), tout en renforçant les puits de carbone naturels comme les forêts, les sols et les océans. Elle vise à limiter le réchauffement climatique global en s'attaquant à ses causes profondes.

Ce concept se distingue par son approche structurelle : il ne s’agit pas simplement de réduire l’impact environnemental ponctuellement, mais bien d’engager une transition vers un nouveau modèle de société, plus sobre et résilient. Cela implique une transformation des modes de production et de consommation, au cœur des politiques publiques, des stratégies d’entreprise et des initiatives citoyennes.

Elle se décline dans de nombreux domaines :

  • Production d'électricité : développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, biomasse) et décarbonation du mix énergétique.

  • Transports : promotion de la mobilité douce, des transports en commun, électrification du parc automobile, logistique bas carbone.

  • Agriculture et alimentation : réduction de l'utilisation des engrais azotés, pratiques agricoles régénératives, circuits courts, diminution de la consommation de viande.

  • Gestion des déchets : valorisation, compostage, recyclage, capture du méthane.


 

Un engagement pour la planète

Le changement climatique est désormais reconnu comme l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Ses effets, déjà visibles à l’échelle mondiale, menacent les écosystèmes, la sécurité alimentaire, la santé publique et les économies.

Face à cette urgence, l’Accord de Paris constitue une réponse collective ambitieuse. Signé en 2015 par 196 pays, il formalise un engagement commun à maintenir le réchauffement en deçà de 2 °C, avec une cible préférée de 1,5 °C. Cette ambition impose une transformation accélérée des trajectoires nationales.

 

Pour respecter cet objectif, les pays signataires doivent :

  • Réduire les émissions de GES de 45 % d'ici 2030 (par rapport à 2010).

  • Atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

  • Mettre à jour tous les cinq ans leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN).

Les politiques de mitigation, jouent un rôle central dans l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. Encore faut-il que celles-ci soient intégrée dans politiques globales combinant réduction des GES et gestion durable des ressources.

C’est ce qu’illustre ce graphique en mettant en évidence l’impact comparé de 3 approches et les impacts des politiques focalisées uniquement sur la réduction des émissions.

Effets du développement durable des mesures d'atténuation à 1,5 °C

Source : Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change, IPCC Report

L’accord de Paris repose également sur un principe de solidarité : les pays développés doivent aider les pays en développement à financer leurs transitions, à travers des mécanismes de financement climatique international.


 

Mitigation vs Adaptation : quelle différence ?

Les concepts de mitigation et d’adaptation sont complémentaires dans la lutte contre le changement climatique, mais ils répondent à deux logiques différentes. La mitigation traite les causes, l’adaptation anticipe les conséquences.

La mitigation cherche à limiter l’ampleur du réchauffement en réduisant les émissions de GES ou en captant du carbone. Elle agit à la source du problème.

L’adaptation, elle, consiste à ajuster les systèmes humains et naturels aux effets déjà présents ou inévitables du climat : sécheresses, canicules, inondations, perte de biodiversité, etc.

Par exemple :

  • Construire un parc éolien relève de la mitigation.

  • Construire une digue pour protéger une ville côtière relève de l’adaptation.

Le GIEC souligne que l’une ne peut remplacer l’autre. Une stratégie efficace combine les deux pour éviter une montée inexorable des coûts humains, environnementaux et économiques.


Quelles sont les mesures de mitigation ?

Agir pour atténuer le changement climatique nécessite une transformation profonde des principaux secteurs émetteurs. Chaque domaine recèle des leviers concrets que les États, les entreprises et les citoyens peuvent activer.

Dans le secteur énergétique, première source d’émissions mondiales, la décarbonation passe par le développement massif des énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie), la modernisation des réseaux électriques et la suppression progressive des énergies fossiles, notamment le charbon. Il s’agit aussi de diversifier les sources et de favoriser l’autoproduction décentralisée, afin de renforcer la résilience énergétique.

Dans le bâtiment, la rénovation thermique des logements existants est une priorité : meilleure isolation, systèmes de chauffage bas carbone, matériaux écologiques. La construction de bâtiments à énergie positive devient également une norme d’avenir.

Les transports, très dépendants du pétrole, doivent basculer vers des mobilités décarbonées : développement du ferroviaire, généralisation des véhicules électriques, aménagements cyclables, logistique urbaine bas carbone. Cela implique aussi de repenser les modes de vie et les aménagements urbains pour réduire les besoins en déplacement.

Dans le domaine industriel, la mitigation se traduit par l’optimisation des processus de production, le recours à l’économie circulaire, la substitution de matériaux émetteurs (comme le ciment ou l’acier) et l’innovation dans les technologies propres. L’intensité carbone des chaînes de valeur est un enjeu stratégique.

Enfin, en agriculture et dans l’usage des terres, il s’agit de préserver les écosystèmes, de réduire la déforestation, d’adopter des pratiques agroécologiques, de limiter le gaspillage alimentaire et d’encourager des régimes alimentaires plus sobres en carbone.

Toutes ces mesures peuvent être soutenues par :

  • Une taxe carbone incitative.

  • Des quotas d’émission régulés.

  • Des subventions vertes à l’innovation.

  • Une législation exigeante sur les performances environnementales.

En transformant nos modes de vie et nos environnements de manière cohérente, il est possible de générer des bénéfices conjoints pour le climat et la santé. Une meilleure qualité de l’air, une alimentation plus équilibrée, ou encore des espaces urbains repensés peuvent ainsi contribuer à un modèle d’équilibre durable, où les actions en faveur du climat renforcent aussi le bien-être des populations.

modèle d'un équilibre entre santé et climat

Source : Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change, IPCC Report


Comment considérer les modèles d'adaptation ?

L’adaptation devient incontournable. Même avec une mitigation ambitieuse, certains effets du changement climatique sont désormais inévitables. Le défi est donc de limiter les dommages, en renforçant la capacité des sociétés à faire face à ces perturbations.

L’adaptation passe par des mesures techniques, institutionnelles et sociales. Il s’agit d’intégrer le climat dans toutes les politiques publiques, d’améliorer la gouvernance locale, d’anticiper les risques et de protéger les populations les plus vulnérables.

Parmi les principales stratégies, on retrouve :

  • Infrastructures résilientes : digues, systèmes de drainage, réseaux électriques sécurisés.

  • Solutions fondées sur la nature : restauration des mangroves, zones humides pour absorber les crues.

  • Aménagements agricoles adaptés : semences résistantes à la sécheresse, gestion durable de l’eau.

  • Politiques de relogement pour les populations déplacées par les aléas climatiques.

L’adaptation peut aussi générer des co-bénéfices pour le développement : meilleure sécurité alimentaire, renforcement des capacités locales, création d’emplois verts. Elle suppose toutefois des investissements ciblés, et une vision à long terme.

La transition de l’industrie vers la neutralité carbone par des stratégies de mitigation n’est pas une utopie : elle repose sur des trajectoires de décarbonation déjà engagées et rendues possibles par des avancées technologiques continues. L’amélioration de l’efficacité énergétique, le recours croissant à des sources d’énergie à faible intensité carbone, et l’utilisation de matériaux plus sobres en émissions participent activement à cette transformation.

Parallèlement, les émissions non liées à l’énergie occupent une place croissante, ce qui rend d’autant plus crucial le développement de technologies spécifiques capables de les réduire.

Le rapport Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change de l’IPPC propose une illustration des grandes tendances de la transition industrielle vers une modèle net zero et des impacts à court et moyen terme.

Les alternatives de la mitigation dans les secteurs industriels

Source : Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change, IPCC Report


Vous l’aurez compris, la mitigation fait partie des leviers incontournables en matière de lutte contre le changement climatique. C’est notamment à travers elle que l'humanité peut encore espérer stabiliser le climat mondial, protéger les écosystèmes et garantir un avenir vivable pour les générations futures. C'est aussi une opportunité : celle de repenser les modèles de développement, de créer des emplois durables, de renforcer la justice sociale et d'accélérer l'innovation.


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