Etat des ressources mondiales en eau en 2024
L’Organisation météorologique mondiale (WMO) a publié la nouvelle édition de son rapport annuel State of Global Water Resources.
Basé sur des données satellites, hydrologiques et climatiques, le document dresse un état des lieux des ressources en eau douce à l’échelle planétaire en 2024.
Cette édition met en évidence des déséquilibres de plus en plus marqués : des épisodes de sécheresse prolongée dans certaines régions, tandis que d’autres connaissent des inondations extrêmes.
Selon la WMO, l’eau reste le principal vecteur à travers lequel le changement climatique se manifeste touchant directement l’agriculture, l’énergie, la santé et la sécurité alimentaire.
Tendances hydrologiques mondiales
L’année 2024 a été marquée par des anomalies significatives dans la répartition des précipitations et du ruissellement. Les analyses montrent une baisse des débits fluviaux sur de larges portions de l’Amérique du Sud, de l’Afrique australe, du bassin méditerranéen et de l’Asie centrale.
À l’inverse, des excédents ont été observés en Asie du Sud-Est et en Europe du Nord, conséquence de régimes de pluie plus intenses.
Le stockage total de l’eau terrestre (glaciers, sols, nappes, lacs) reste déficitaire, confirmant une tendance continue de perte observée depuis deux décennies. Les données satellitaires GRACE-FO indiquent une diminution notable des nappes phréatiques dans les régions densément peuplées du sud de l’Asie et de la Chine du Nord.
Carte mondiale des anomalies de ruissellement et du stockage terrestre.
Le rôle amplificateur d’El Niño 2023-2024
Le phénomène El Niño, particulièrement marqué entre mi-2023 et mi-2024, a eu un impact majeur sur les cycles hydrologiques mondiaux.
Il a provoqué une accentuation des sécheresses en Amérique du Sud, en Australie et dans certaines zones d’Afrique, tout en favorisant des pluies excédentaires dans le Pacifique occidental et le sud de la Chine. Ces contrastes extrêmes se traduisent par une augmentation des événements hydrologiques extrêmes : crues soudaines, pertes agricoles, déplacements de population et tensions sur les ressources.
Des impacts humains, économiques et géopolitiques
Les déséquilibres hydriques observés en 2024 se traduisent par une hausse des coûts économiques liés aux catastrophes naturelles et par des tensions sur la gestion des bassins transfrontaliers.
Les pénuries d’eau ont touché plus de 3 milliards de personnes sur au moins un mois de l’année, accentuant les vulnérabilités dans les régions déjà fragiles.
La WMO met en garde contre un risque croissant de conflits d’usage entre eau potable, agriculture et production énergétique, en particulier dans les zones arides et semi-arides.
Vers une gouvernance hydrique plus résiliente
Face à ces constats, la WMO appelle à un renforcement massif des réseaux d’observation hydrologique et à une meilleure intégration des données climat-eau-énergie dans les politiques publiques.
Elle recommande de privilégier les solutions d’adaptation basées sur la nature : restauration des zones humides, stockage naturel de l’eau, reforestation et aménagements paysagers favorisant l’infiltration.
L’enjeu central reste la planification à long terme et la coopération internationale, afin d’éviter que la rareté de l’eau ne devienne un facteur structurel d’instabilité.