Les ODD dans la région Casablanca – Settat
Publié en juin 2025, le rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP) dresse un panorama détaillé de la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) dans la région Casablanca-Settat.
Cette étude s’inscrit dans la stratégie nationale de territorialisation des ODD, qui vise à suivre les progrès réalisés à l’échelle locale et à identifier les disparités internes entre territoires.
Région à la fois moteur économique du Maroc et espace de contrastes sociaux, Casablanca-Settat concentre plus de 20% de la population nationale et génère plus de 30% du PIB. Le rapport analyse les performances régionales sur l’ensemble des 17 ODD, en mettant en lumière les avancées enregistrées, les retards persistants et les priorités à renforcer d’ici 2030.
Un profil socio-économique contrasté
Avec 7,7 millions d’habitants en 2024, soit près de 21 % de la population nationale, Casablanca-Settat reste la région la plus peuplée du Maroc.
Son taux d’urbanisation, supérieur de 10,5 points à la moyenne nationale, traduit une forte concentration autour des pôles de Casablanca et Mohammedia, alors que Settat, Sidi Bennour ou Berrechid conservent un caractère plus rural.
Sur le plan économique, la région confirme son rôle moteur : en 2022, elle a généré 417,8 milliards de dirhams, soit 31,4 % du PIB national. Le PIB par habitant a progressé de 45 773 dirhams en 2015 à 54 997 dirhams en 2022, illustrant une croissance soutenue et continue.
Mais cette dynamique s’accompagne de fortes inégalités d’accès à l’emploi.
Le taux d’activité atteint 46,1 % (contre 43,6 % au niveau national), avec un écart marqué entre hommes (60,2 %) et femmes (18,9 %). Le chômage reste élevé à 15 %, et grimpe à 40,8 % chez les jeunes de 15 à 24 ans, signe des tensions persistantes sur le marché du travail.
Casablanca-Settat apparaît ainsi comme une région à double visage : moteur de la croissance nationale, mais où les écarts socio-territoriaux demeurent prononcés entre les centres urbains dynamiques et les provinces rurales en transition.
Des progrès sociaux réels, mais encore inégaux
Le taux de pauvreté multidimensionnelle figure parmi les plus faibles du pays : 2,3 % en milieu urbain et 9,9 % en milieu rural.
L’accès à l’éducation est largement généralisé, avec un taux de scolarisation de 100 % au primaire et une quasi-parité filles-garçons. Les écarts se creusent toutefois dans le secondaire, en particulier dans les zones rurales.
Les indicateurs de santé maternelle et infantile se sont améliorés, la couverture médicale a progressé et la région bénéficie d’une offre hospitalière diversifiée, bien que concentrée dans les grandes villes.
Le taux d’activité féminin reste faible (18,9 %), mais des programmes de coopératives féminines et d’emploi rural non agricole renforcent peu à peu l’inclusion économique.
Enfin, si l’accès à l’eau, à l’électricité et à l’assainissement est généralisé en milieu urbain, les zones rurales enregistrent encore des retards en assainissement liquide et en gestion des déchets.
Environnement et durabilité : une région sous pression
La densité urbaine et le poids industriel exposent Casablanca-Settat à de fortes pressions environnementales.
La qualité de l’air se dégrade à Casablanca et Mohammedia, la pollution issue du transport et des activités portuaires dépassant les seuils de référence.
L’accès à l’eau potable atteint plus de 97 % en milieu urbain et 98,8 % en milieu rural, mais l’assainissement liquide reste très inégal : 93,9 % en zone urbaine contre seulement 15,9 % en zone rurale. Le HCP recommande d’accélérer la réutilisation des eaux usées traitées et d’investir dans les réseaux d’épuration.
En matière de déchets, la collecte atteint 95 %, mais le taux de recyclage reste limité à 10 %, avec 62 % de mise en décharge contrôlée.
La région est par ailleurs exposée aux effets du changement climatique : rareté de l’eau, érosion côtière et vulnérabilité du littoral. Le rapport appelle à renforcer la gouvernance environnementale locale et la coordination intercommunale pour garantir une transition écologique cohérente.
Économie durable et inclusion : entre performance et disparités
Casablanca-Settat concentre une grande part de la richesse nationale, mais cette performance ne profite pas encore équitablement à tous.
Le taux de chômage élevé, la faible participation des femmes et la précarité de l’emploi traduisent une inclusion économique encore limitée.
Le HCP plaide pour une diversification de l’économie régionale, en soutenant les filières à potentiel durable : énergies renouvelables, recyclage industriel, agriculture à haute valeur ajoutée, éco-tourisme.
Il souligne également l’importance de la formation professionnelle et du renforcement des compétences locales pour accompagner cette transition.
Gouvernance et suivi des ODD : vers une meilleure territorialisation
Le HCP insiste sur la nécessité de renforcer la coordination entre acteurs régionaux et la collecte de données locales pour assurer un suivi efficace des ODD.
Il appelle à une meilleure convergence entre politiques publiques, notamment entre les plans régionaux de développement, la SNDD et l’INDH.
La mise en place d’une gouvernance participative, associant les collectivités, les acteurs économiques et la société civile, apparaît comme une condition clé pour une territorialisation réussie des ODD à Casablanca-Settat.