Rapport 2025 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions
United Nations Environment Programme (UNEP) a publié récemment la seizième édition du Emissions Gap Report 2025. Ce rapport présente un état des lieux mondial des tendances des émissions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’en 2024, incluant les émissions totales, leur répartition par gaz et sources, les émissions par grands secteurs économiques, ainsi que les contributions des principaux pays émetteurs.
Dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter, malgré les avancées technologiques et les engagements climatiques annoncés. Cette progression maintient le monde sur une trajectoire de réchauffement qui dépasse largement les objectifs fixés. Les politiques actuellement en place restent insuffisantes pour réduire rapidement les émissions, et les engagements nationaux (CDN) ne couvrent qu’une partie des efforts nécessaires. Résultat : le risque de dépasser durablement le seuil de 1,5 °C se renforce, tandis que la fenêtre d’action pour respecter les limites de l’Accord de Paris se resserre rapidement.
Découvrez ici un aperçu synthétique du rapport.
1. Une hausse continue des émissions mondiales
En 2024, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont atteint un niveau record, poursuivant une tendance à la hausse observée depuis plusieurs années.
La production d’électricité, le transport et l’industrie restent les principaux contributeurs, représentant la majorité des émissions. L’énergie fossile demeure dominante, mais les vagues de chaleur extrêmes et la demande croissante liée aux nouvelles technologies (véhicules électriques, pompes à chaleur, data centers) ont également alimenté la consommation énergétique.
Les efforts dans le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique permettent de limiter partiellement cette augmentation, mais ils restent insuffisants pour inverser la tendance globale.
2. Les grands émetteurs, moteurs de la hausse des émissions
La croissance des émissions touche presque tous les principaux pays émetteurs. En 2024, la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et l’Indonésie ont tous enregistré une augmentation de leurs émissions, tandis que l’Union européenne reste l’exception avec une légère baisse de 2,1%.
Les nations les plus développées et influentes sur le plan économique représentent près des trois quarts des émissions mondiales, alors que les pays les moins avancés contribuent à peine à 3 %.
Sources : Crippa et al. (2025), World Bank (2025)
3. Les nouvelles CDN : ambitions encore loin de combler l’écart d’émissions
Les contributions déterminées au niveau national (CDN) restent l’outil central pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, mais les nouvelles CDN présentées par les pays peinent à renforcer significativement l’ambition collective. À fin septembre 2025, seulement 60 parties représentant 63 % des émissions mondiales avaient soumis ou annoncé de nouvelles CDN avec des objectifs de réduction pour 2035.
4. Horizon 2030-2035 : un effort insuffisant malgré les nouvelles CDN
Même si les nouvelles contributions déterminées au niveau national (NDCs) pour 2035 permettent de réduire légèrement l’écart des émissions, celui-ci reste massif.
Pour 2030, la pleine mise en œuvre des NDCs actuelles ne réduirait les émissions mondiales que de 4 à 7 % par rapport à 2019, alors qu’une réduction de 25 à 40 % serait nécessaire pour rester aligné avec les trajectoires de 2 °C et 1,5 °C.
Pour 2035, les nouvelles NDCs permettent de réduire le gap d’environ 4 à 6 GtCO₂e, mais cela reste très insuffisant par rapport aux réductions requises (35 à 55 %).
5. Horizon 2050 : le risque d’un réchauffement incontrôlé
À moyen et long terme, l’écart des émissions continue de croître. Si les politiques actuelles sont maintenues sans renforcement, l’écart pourrait atteindre 30 à 42 GtCO₂e d’ici 2050 par rapport aux trajectoires compatibles avec 2 °C et 1,5 °C. Même dans le scénario le plus optimiste (mise en œuvre complète des NDCs conditionnelles et atteinte des objectifs de neutralité carbone), le réchauffement mondial pourrait atteindre 1,9 °C d’ici la fin du siècle. Cela signifie que les objectifs de l’Accord de Paris restent hors de portée sans action immédiate et renforcée, et que le dépassement de 1,5 °C devient de plus en plus probable, avec un risque croissant de conséquences climatiques sévères.
Les écarts s’expliquent non seulement par l’insuffisance des engagements, mais aussi par un retard dans l’application des politiques existantes, en particulier aux États-Unis, ce qui crée un important « gap de mise en œuvre ».
6. Un retour à 1.5°C d’ici 2100 reste possible
Le retour à 1.5°C reste possible, mais il exige des actions ambitieuses et immédiates :
Réductions profondes des émissions globales à partir de 2025.
Déploiement accéléré des technologies à faible émission.
Mise en œuvre massive de CO₂ removal (CDR).
Le scénario de mitigation montre qu’il est possible d’améliorer la situation, mais seulement avec des réductions profondes des émissions et un déploiement accéléré des technologies bas-carbone.