Rapport FMI 2025 - Maroc : Climat, résilience et transition durable
Le dernier rapport du FMI consacré au Maroc (Consultation Article IV 2025 et 3ᵉ revue du RSF) confirme une dynamique importante : le climat est devenu un déterminant central de la trajectoire économique du pays. Sécheresses répétées, tensions sur les ressources en eau et dépendance énergétique accentuent les vulnérabilités structurelles, tandis que les réformes engagées dans le cadre du Resilience and Sustainability Facility (RSF) renforcent la transition vers un modèle plus durable et résilient.
Nous partageons ici les points clés de ce rapport.
1. Les impacts climatiques façonnent désormais le cycle économique
Le FMI confirme que la succession de chocs climatiques, en particulier la sécheresse, pèse sur la croissance, l’emploi et les finances publiques.
Le secteur agricole, fortement touché, amplifie les tensions sociales et territoriales, tandis que la hausse de la consommation d’énergie liée aux importations renforce la fragilité de la balance extérieure.
Cette situation rend l’adaptation et la gestion durable de l’eau essentielles, un point central souligné à plusieurs reprises dans le rapport.
2. Une stratégie nationale structurée autour de la transition climatique
Le Maroc dispose d’un ensemble cohérent de stratégies :
Stratégie Nationale de Développement Durable
Stratégie Bas Carbone 2050
Génération Green 2020–2030
Programme national eau potable & irrigation 2020–2027
Le rapport souligne l’ambition :
52 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2030,
neutralité carbone visée en 2050,
accélération des projets d’énergie, d’eau, d’hydrogène vert et d’infrastructures stratégiques.
Plusieurs projets structurants sont cités : dessalement, “water highways”, modernisation du réseau électrique, infrastructures gazières, hydrogène vert.
3. Le RSF, catalyseur majeur de la transformation durable
Le RSF (Resilience and Sustainability Facility) joue un rôle déterminant dans l’accélération des réformes.
Parmi les avancées confirmées :
renforcement de la gouvernance de l’eau et protection des nappes,
réforme des taxes environnementales (TIC sur charbon et hydrocarbures lourds),
directives Bank Al-Maghrib sur la gestion et la divulgation des risques climatiques,
intégration des risques climatiques dans la Programmation Budgétaire Triennale 2025–2027,
adoption d’une Stratégie nationale de finance climat (2024).
Le FMI souligne que 15 des 16 mesures prévues ont été mises en œuvre, démontrant un engagement fort des autorités.
4. Tarification carbone : un levier central de la transition
Le rapport consacre un passage important à la fiscalité carbone. Le modèle macro-climatique du FMI montre que :
une taxe carbone appliquée seule devrait se situer autour de 82 USD/tCO₂ pour atteindre les objectifs NDC,
mais avec les autres mesures RSF (fin des subventions, hausse des taxes sur produits polluants), le niveau requis tombe à 36 USD/tCO₂.
Ces simulations confirment que la tarification carbone, combinée à la réforme du système fiscal peut soutenir la décarbonation tout en améliorant l’efficacité économique et la résilience.
Le FMI note cependant que le Maroc souhaite poursuivre les analyses et consultations avant de finaliser le design de la taxe carbone, afin d’en assurer la réussite économique et sociale.
5. Finance durable : un cadre réglementaire qui se renforce
Le rapport met en avant plusieurs avancées structurantes :
Publication des directives BAM alignées sur les standards internationaux (ISSB) concernant la divulgation et la gestion des risques climatiques.
Création de mécanismes de transparence sur l'exposition des emprunteurs aux risques physiques et de transition.
Mise en place d’une Stratégie climat pour la finance (2024–2030) visant à mobiliser davantage de capitaux privés.
Intégration des risques climatiques dans les exercices budgétaires et les modèles de soutenabilité de la dette.
Ces évolutions renforcent l’alignement du secteur financier marocain sur les standards internationaux de finance durable.
6. Eau, énergie, agriculture : trois priorités d’adaptation
Le rapport insiste sur l’urgence et l’importance de renforcer la résilience des systèmes :
Eau : protection des nappes, gestion intégrée des bassins, tarification progressive des usages, investissements massifs dans le dessalement.
Énergie : montée en puissance des renouvelables, développement de l’hydrogène vert, réforme du secteur de l’électricité.
Agriculture : transition vers des systèmes plus résilients, modernisation de l’irrigation, substitution progressive du gaz butane agricole.
Ces trois secteurs concentrent les principaux risques, mais aussi les opportunités de transformation durable.